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2?2 SUSPENSION M LA nCERRE DE LA COAUTMN.

manière si violente, que celui-ci quitta la salle avec une orgueilleuse arrogance. Guadet, qui savait humilier et exaspérer ses adversaires, mais non les soumettre ou les gagner, se montra également d’une impitoyable sévérité à l’égard de Danton, et cette première réunion resta sans effet. Les conférences pourtant ne s’arrêtèrent pas là il semblerait même que Danton eût voulu, outre ces hommes de tribune, s’assurer dans le général Dumouriez un appui militaire; toujours est-il qu’il fit alors un nouveau voyage en Belgique, pour prévenir la rupture du général avec la Convention. Aussitôt après son retour, il conclut avec la Gironde un arrangement provisoire, arrangement qui amena, !c 25 mars, la première décision de la Convention au sujet de la forme à donner au gouvernement.

Comme la majorité hésitait encore à prendre les rênes de ce gouvernement, on ne décida que fa formation d’un Comité pris au sein de la Convention et chargé de contrôler les actes du ministère. Ce Comité, composé de vingt-cinq membres, ne devait pas administrer par lui-même et l’accès de ses séances devait être ouvert a tous les députés, dispositions qui trahissaient la méfiance à peine endormie des partis les uns envers les autres,et qui excluaient, en outre, toute idée de promptitude, de force, et de régularité dans l’administration. Mais on avait trouvé la forme à donner à la nouvelle souveraineté, c’était déjà un premier pas vers l’établissement du gouvernement futur. Dès le lendemain, les vingt-cinq membres furent élus, et cette élection caractérisa bien la manière dont se groupaient les partis. Robespierre n’eut qu’un de ses amis nommé après lui, tandis que la Gironde fournit neuf membres, et que Danton fut nommé avec quatre de ses partisans déclarés et neuf députés du centre sur lesquels il pouvait presque aussi sûrement compter. Il importait maintenant de savoir si l’alliance récemment conclue entre la Gironde et Danton était assez solide pour subsister et se manifester au dehors; elle fut promptement mise à l’épreuve.

L’entrée de la Gironde au Comité fut pour les Jacobins ardents, pour Robespierre et pour les démocrates de la ville le signal d’une déclaration de guerre contre le nouveau pouvoir. Toutes les belles promesses du 18, toutes les espérances fondées sur l’établissement. des comités et du tribunal révolutionnaires leur