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3~8 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.~

ressait, ainsi que les connaissances précises des événements et de leurs effets dont il faisait preuve (1); mais cette excitation se calma bientôt. Le ministre déploya toute son adresse et toute son activité pour s’assurer une influence exclusive sur l’empereur puis, une fois arrivé au but, il retomba dans son insouciance habituelle, laquelle le rendait lent et irrésolu. Il laissa les rapports s’accumuler, les demandes restèrent sans réponse, aucune affaire ne se termina plus. I! compléta le caractère de rapacité que François II avait commencé à donner à sa politique, sans savoir mieux que son maître choisir entre -les différents objets de ses désirs. « Il paraît peu habile, disait Napoléon quatre ans plus tard, et pas du tout prévoyant; il est même sans système, flottant au milieu des intrigues de toute l’Europe (2).

L’activité du nouveau ministre se porta tout d’abord sur les questions qui avaient amené la chute de ses prédécesseurs, sur la question polonaise et sur celle des indemnités en général. 11 suffit qu’il soit arrivé au pouvoir dans ce moment de crise pour indiquer quelle attitude il prit en présence des événements. Spielmann était tombé pour avoir trop pensé à la Belgique et à la Bavière, et trop peu à la Pologne: Thugut devait donc s’inquiéter moins de la Belgique et plus de la Pologne. Le changement de ministère impliquait la défaite du parti belge à Vienne et la résolution prise par l’Autriche de e chercher en Pologne sa première indemnité. Nous verrons plus tard comment la véritable politique de Thugut resta fidèle à ce système, et comment il le proclama ouvertement lorsque le temps lui en sembla venu: mais, lorsqu’il fut appelé au ministère, Thugut regardait comme indigne d’un habile homme d’État de dire nettement ce qu’il voulait. Il lui semblait beaucoup plus sage de dissimuler sa pensée, de frapper à toutes les portes, et de se conserver tous les chemins ouverts. Dans sa colère contre la Prusse, il commença par s’adresser à l’Angleterre, la seule puissance qui restatFamiede l’AutrichoenËurope, (1) Les dépêches de Haeften, pendant les mois d’avril et de mai, sont pleines de détails à cet égard.

(2) Correspondance inédite (iv, 4).