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216 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

même se rendit en hâte à Liège, afin de s’entendre avec Valence sur les mesures à prendre. Ainsi Maëstricht était sauvée et la rive droite de la Meuse délivrée trois jours avaient suffi pour effectuer la première partie de l’entreprise décidée aux conférences de Francfort. Mais à Hervé, en face de Liège, le zèle des vainqueurs s’arrêta tout à coup, et il n’y eut plus que des attaques de peu d’importance, que Valence repoussa facilement. Cette fois, les événements prirent une marche plus rapide que les chefs, dans leur faiblesse, n’avaient osé l’espérer. L’archiduc Charles, voyant de Maëstricht la déroute et la consternation des ennemis, résolut de les poursuivre sans perdre de temps. Une de ses colonnes se battit le /), derrière Viset, avec les troupes de Levencur lui-même parut bientôt a Tongres à la tête de onze mille hommes, fit attaque sur attaque, et, à la troisième, s’empara entièrement de la ville. Les Français s’enfuirent en désordre; les uns se jetèrent à l’est, sur Saint-Tron, les autres au sud, vers Liège, où les nouvelles qu’ils apportèrent répandirent la terreur. On voyait déjà la Belgique envahie, les troupes françaises cernées, et leur retraite coupée par les Autrichiens de plus, on était sans nouvelles deLamarlière et de Champmorin. Dans ces tristes circonstances, on résolut de faire revenir d’Hervé et des autres places tous les corps de troupes qui s’y trouvaient, d’abandonner Liège, et de marcher aussi vite que possible vers SaintTron, afin d’y arriver avant les Autrichiens. Tout cela s’exécuta avec la plus grande précipitation, en abandonnant les blessés, les magasins et les canons, et l’on eut. dans la journée du 5, durant la marche vers Saint-Tron, à repousser quelques détachements ennemis qui,de Tongres, inquiétèrent jusque-là la ligne de retraite des Français. Les troupes, déjà ébranlées par les derniers revers, ne résistèrent pas à ce trouble et à ce désordre; voyant que la caisse de l’armée et la grosse artillerie étaient dirigées vers la frontière de France, elles en conclurent que le danger était imminent et elles se débandèrent complètement. Des masses de soldats fugitifs se précipitèrent en désordre vers Saint-Tron Dumouriez prétend que plus de dix mille déserteurs regagnèrent la frontière française. « Toutes les routes, écrivait, le 7 mars un commissaire civil au ministre de la guerre, sont remplies de fuyards qui marquent leur passage par des excès et des ravages