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étaient tenues en échec par les fédérés que la Gironde avait appelés à Paris; le nombre de ces derniers avait peu à peu atteint le chiffre de cinq mille, et ils avaient vu se joindre à eux, grâce à l’influence de~Barbaroux, les Marseillais du 10 août (1). Dans ces circonstances, le gouvernement, qui avait encore-à Paris quelques troupes de ligne à sa’disposition, ’dominait complétement la situation, en supposant que les deux partis cou- tinuassenTà se maintenir en équilibre et que l’un empêchât toujours l’autre d’arriver à un pouvoir sans partage. Il s’ensuivit de là qu’à la Convention la majorité, dirigée par le gouvernement, écarta constamment, au moyen de l’ordre du jour, toutes les inculpations des divers partis, soit qu’elles fussent dirigées par Marat contre la Gironde, ou par Louvet contre les septembriseurs. Mais, en dépit de toutes ces ressources et de toutes ces chances de salut, le gouvernement ne pouvait se dissimuler ce que l’avenir lui offrait en perspective de difficultés et de dangers. Le manque d’argent, ou plutôt l’anéantissement du crédit de l’État était surtout inquiétant. On vivait au jour Je jour, d’assignats et rien que d’assignats. Leur cours était tombé alors à ~0 pour 100 au-dessous de leur valeur nominale; chaque nouvelle émission devait rabais’ser encore, et chaque abaissement du cours augmentait la gêne du trésor et la nécessité de plus nombreuses émissions; on se trouvait donc dans un cercle vicieux de misère au milieu duquel la banqueroute apparaissait menaçante. L’espoir de rétablir des recettes régulières était toujours illusoire. Il restait plus de 100 millions d’arriéré sur l’année 1791 pour 1792, on n’avait rien perçu encore le l" novembre des impôts fonciers et mobiliers (300 millions) sur les patentes, on avait touché millions au lieu de 22, sur le timbre 30 au lieu de 81, sur les douanes 12 au lieu de 20 (2). Ces sommes mêmes n’avaient été obtenues qu’en forçant. les départements à verser dans la caisse de l’État l’argent destiné aux dépenses locales (3), ce qui, en portant le désordre dans (1) La correspondance de Gadol en offre de nombreuses preuves, Moore, Il, 422, parle aussi de la colère de Marat au sujet du respect que notamment les Alarseillais inspiraient aux faubourgs.

(2) Rapport du 15 novembre.

(3) Rapport Hu 19 décembre. Le consulat obtint aussi; au moyen de la même opération, une augmentation apparente de recette, ce qui ne se trouve pas dit par M. Thiers.