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orientale. Pitt, qu’une longue erreur a fait considérer pendant des années comme le brandon de la discorde européenne, Pitt mit tout en œuvre pour écarter dans ce moment suprême le danger qui menaçait notre hémisphère. Il fit répéter de toutes parts qu’il fallait laisser les Français maîtres d’agir comme ils l’entendaient dans l’intérieur de leur pays, et reconnaître la République, pourvu que celle-ci, de leur côté, renonçât à bouleverser les États voisins et à étendre ses frontières. Il alla même, pour gagner l’Autriche à cette manière de voir, jusqu’à renoncer à un ancien principe de la politique anglaise, lequel voulait que la Belgique, en qualité de digue contre la France, fût occupée par des forces militaires considérables; enfin, il donna son adhésion au plan d’échange autrichien, à la condition que l’empereur ferait la paix avec la France par l’entremise de l’Angleterre, et appuyerait l’opposition de cette dernière puissance au partage de la Pologne. Cette attitude du cabinet de Londres excita naturellement à Saint-Pétersbourg de graves inquiétudes et une nouvelle irritation contre l’empereur, que les Anglais avaient tout à fait attiré de leur côté. En ce moment même, un profond mécontentement se produisait en Suède contre la czarine des plaintes contre la brutalité dcStakelberg, l’ambassadeur russe, arrivèrent de Stockholm on apprit que des troupes étaient envoyées à la frontière finlandaise; en un mot, on reconnut bientôt que le souverain de la Suède était favorable ’a la France. D’un autre côté, l’influence française gagnait aussi toujours plus de terrain à Constantinople, et l’on commençait à parler d’armements faits par la Turquie; il était donc impossible de se dissimuler combien d’éléments dangereux se trouvaient prêts, n’attendant qu’une occasion pour se déchaîner contrôla Russie, et combien étaient inquiétants pour Catherine les efforts faits par l’Angleterre pour mettre fin à la guerre contre la France.

Les intérêts et la situation s’étaient donc si étrangement compliqués que, bien que Catherine n’éprouvât que mépris et horreur pour les régicides de Paris, le meurtre du roi et ses conséquences politiques eurent pour elle le résultat le plus avantageux. Nous avons vu plus haut comment la mise en jugement du roi décida à Paris le triomphe des Jacobins et de la politique de conquête,