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1~6 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

Le roi ne trouva rien à répondre à ces objections. Il était certain que l’on se trouvait encore une fois sur un terrain peu solide en face de l’Autriche. Cependant de bonnes nouvelles arrivèrent de Saint-Pétersbourg Catherine se déclarait prête à conclure au besoin sans le cabinet de Vienne. Frédéric-Guiltaume Il oublia donc aussitôt les inquiétudes causées par Lucchesini, et il annonça au nouveau commandant en chef des armées impériales, le prince Frédéric Josias de Saxe-Cobourg, qu’il était en mesure de tracer, de concert avec lui, le plan de la campagne qu’ils allaient faire ensemble

Cependant, la plus grande irritation régnait à Vienne; il n’y avait pas dans cette ville un seul homme d’État qui ne considérât le nouvel arrangement comme imposé par l’imminence de la guerre. L’empereur pensait toujours qu’il n’avait rien promis qui fût de nature à assurer à la Prusse plutôt qu’à lui-même une acquisition nouvelle; il était, au contraire, bien décidé à tout mettre en œuvre pour empêcher son rival d’obtenir le moindre avantage. Cobenzel écrivit dans ce sens à Saint-Pétersbourg; l’ambassadeur eut ordre d’insister de la manière laplus pressante pour que Catherine limitât la part de la Prusse en Pologne à de justes proportions, et aidât l’Autriche à réaliser promptementses plans d’échange (1). Colloredo et Roltin étaient tout à fait du même avis; aucun d’eux ne comprenait les conséquences fatales qui devaient résulter de cette conduite pour la guerre de la Révolution.

Tels furent les premiers effets de la nouvelle alliance contractée avec la Russie par les puissances allemandes. En apparence, cette alliance augmentait le nombre des adversaires de la Révolution française; mais, en réalité, elle ne fit que répandre en Europe un désordre et un égoïsme qui permirent aux Jacobins d’une part, à la czarine de l’autre, de réaliser leurs plans sans obstacles. En apparence, les deux puissances allemandes se levaient de concert pour combattre la République française et pour étendre leur territoire sur le Rhin et sur la Vistule; mais, en réalité, l’irritation, la jalousie, le soupçon et la haine régnaient entre elles. La négociation par laquelle l’Autriche recon(1) Ssolowjof~ La chute de la Po~o~c, 311..