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158 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

pas actif et brillant, mais soupçonneux et oppresseur. Sans se rendre compte de la Véritable grandeur de son rôle, François II le réduisait à obtenir une obéissance passive à l’inté’rieur, et à remporter quelques conquêtes à l’extérieur. Tous les privilèges des provinces, que son père avait laissé revivre, ne lui plaisaient pas plus que la conciliation et la modération qui avaient caractérisé la politique extérieure de Léopold. Mais il n’était pas dans cette nature, qui, en dépit de la jeunesse, n’avait jamais été ardente, et qui, sous une apparence de sèche franchise, cachait un penchant décidé à la duplicité il n’était pas, disonsnous, dans cette nature dissimulée de marcher en avant bruyamment et franchement comme Joseph II l’avait si souvent fait à ses propres dépens. Nous avons vu François II se montrer au début aussi pacifique que son père à l’égard des nations étrangères, et cacher les premiers pas qu’il fit vers la réalisation de ses plans de conquête sous une ambassade chargée en apparence de défendre des projets tout opposés. Il procéda de la même manière à l’intérieur, et repoussa d’abord toutes les dénonciations; mais, bientôt après, il reconstitua d’une manière plus rigoureuse encore la police du temps de Joseph II; quant à ce qui concernait la haute politique, il disait à Kaunitz les choses les plus tendres et confirma Cobenzcl dans ses hautes dignités; mais il les tint aussi éloignés de~lui que possible, et remit la véritable direction des affaires à son précepteur Colloredo. Dès lors, toutes les espérances d’une nouvelle représentation nationale furent étouffées dans les provinces, et l’on entendit recommencer les plaintes des protestants de Hongrie au sujet des persécutions religieuses dont ils étaient l’objet. En administration, on en revint complètement à la centralisation pratiquée par Joseph II; on abolit les chancelleries de Bohême et d’Autriche, la chambre des comptes, la chambre des finances hongroises, les commissions des affaires ecclésiastiques et de l’instruction publique, et on les remplaça par un directoire général chargé des affaires allemandes et hongroises, ainsi que de l’administration générale des finances (1). La Belgique et le Milanais seuls restèrent, pour le moment, (1) Président, le comte KoUowrath; chancelier, le comte Rotfenhan, chargé de présenter les aHaires a l’empereur; vice-présidents, les comtes Mailath et Degelmaun, contrôleur général le comte Zinzendorf; représentant do. celui-ci, le comte