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PARTAGE DE LA POLOGNE. – PRÉLIMINAIRES. ÏM

Catherine. Léopold avait toujours visé à rendre la Pologne plus forte; François II, au contraire, accorda aisément que l’acquisition d’une province polonaise lui conviendrait aussi bien qu’à la Prusse. Kaunitz tenta pourtant encore une démarche dans le sens du traité de février, et obtint que l’Autriche et la Prusse demandassent de concert à participer à la protection de la Pologne; mais rien n’était plus contraire aux idées de Cathe-’ rine. Elle aimait mieux encore morceler ce pays que d’en partager la tutelle, et elle n’honora même pas cette proposition d’une réponse. Elle voyait cependant que l’Autriche et la Prusse étaient encore en bonne intelligence, et comprenait qu’une alliance avec Berlin ne réussirait pas tant que l’Autriche en serait exclue et tant qu’il n’existerait pas un certain accord entre elle et la cour de Vienne. Or, comme elle ne voulait pas accorder à l’Autriche la moindre influence en Pologne, elle résolut de détourner de ce pays les regards de l’empereur; dans ce but, elle ordonna à Rasumovsky de mettre en avant l’échange bavarois. Nous avons vu avec quelle ardeur François II adopta cette idée, comment il entra sur-le-champ en négociation avec la Prusse à ce sujet, et comment les deux puissances en vinrent à décider provisoirement que l’empereur aurait la Bavière et le roi de Prusse une province polonaise. Le comte Cobenzel reçut l’ordre de proposer ce projet à Saint-Pétersbourg, et d’ouvrir en mémo temps une négociation qui aurait pour but un nouveau traité entre les deux cours impériales. Les Russes n’avaient pas osé espérer un succès aussi prompt; aussi Catherine résolut-elle de mettre sur-le-champ ces bonnes dispositions à profit. Le 13 juillet, Cobenzel et les jninistres russes signèrent un traité d’alliance par lequel les deux puissances s’engageaient à fournir chacune un corps d’armée de douze mille hommes et se promettaient une mutuelle défense, excepté toutefois le cas où l’Autriche serait attaquée par l’Italie, et la Russie par la Chine, la Perse ou la Tartarie. Par deux articles séparés, l’Autriche garantissait le duché d’Oldenbourg à la maison de Holstein-Gottorp, et s’engageait enfin à rétablir, de concert avec la Russie, l’ancienne constitution polonaise. C’était déclarer officiellement qu’elle abandonnaitles plans .de Léopold, et le ministre Markoff assura a l’ambassadeur que les indemnités désirées par les deux cours allemandes ne feraient