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1M DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

complètement cernés, évacuèrent la Podolie sans coup férir, soutinrent à Zielence, en Wolhynie, contre une division de l’armée russe, un combat dans lequel ils déployèrent une grande bravoure, mais qui n’eut aucun résultat, et enfin ne reprirent un peu d’assurance que derrière le Bug, entre Dubienka et BrzescLithewski. Pendant ce temps, le général Kretschetnikon’s’avançait aussi avec rapidité, occupait Wilna, y proclamait en grande pompe la nouvelle confédération, au milieu des cris de joie du peuple, et enfin atteignait et prenait Grodno; au bout de six semaines, les Russes s’étaient ainsi emparés, presque sans résistance, de toute une moitié de la Pologne.

Ces succès militaires ne faisaient pas négliger à Catherine la poursuite de ses plans politiques. Le 25 mai, Alopéus, son ambassadeur, remit à Berlin une note par laquelle la Russie laissait entrevoir la possibihté d’un secours contre la France et d’une guerre de principes tout a fait désintéressée contre la Révolution, et enfin proposait à la cour de Prusse une alliance séparée. Le roi fit répondre, avant tout, qu’en effet il ne s’agissait pas de faire des conquêtes en France mais qu’il faudrait cependant obtenir une indemnité pour les frais de la guerre; quant au traité particulier qu’on lui proposait, tout en exprimant la profonde satisfaction que lui causaient les sentiments d’amitié de l’impératrice, il déclara qu’il était nécessaire de s’entendre d’abord avec l’Autriche, et demanda a la Russie de lui présenter un projet explicite de ce traité. Le roi était encore, à cette époque, plein d’ardeur pour la guerre contre la France et pour l’alliance autrichienne il désirait agir de concert avec l’empereur dans la question polonaise, et maintenir dans de justes bornes la prépondérance de la Russie; il se hâta donc d’informer l’Autriche de l’offre qui lui était faite. Cette nouvelle produisit naturellement à Vienne une grande sensation, accrue encore par une ouverture confidentielle du comte Schulenbjjrg, lequel annonça que la Prusse chercherait a obtenir comme dédommagement une province polonaise. Sur-le-champ, François II se décida à modifier sensiblement son système. Sous Léopold, une hostilité presque ouverte contre la Russie avait régné en Autriche; aujourd’hui, Kaunitz exprima le désir de voir se renouer l’ancienne alliance qui avait existé entre Joseph II et