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LES PARTIS EN FRANCE, il

États sentaient leur sort dépendre des événements, les événements, à leur tour, dépendaient toujours davantage des deux grandes puissances du moment le Comité de Salut public et l’impératrice Catherine.

Avant d’entrer dans le détail des faits qui vont suivre, il est nécessaire de nous rendre bien compte de la politique et des tendances héréditaires de la grande puissance slave, aussi bien que de la manière dont s’était formée la nouvelle puissance française. Il ne sera pas sans intérêt d’étudier la nature de la constitution russe, qui rendait un plus long état de paix impossible et intolérable pour cet empire. Des causes bien différentes avaient donné lieu à la même situation sur les bords de la Seine que sur ceux de la Neva. Tant que durait à l’intérieur de ces deux nations l’état de choses qu’avaient amené dans l’une la Révolution et dans l’autre des institutions séculaires, il n’existait pour l’Europe nul espoir de paix et de sécurité légale.

CHAPITRE H

LES PARTIS EN FRANCE.

Lorsque Dumouriez eut repoussé l’armée prussienne au delà des frontières, la République sembla avoir acquis une force incontestable. Son gouvernement était plus puissant que ne l’avaient été tous ceux qui l’avaient précédé depuis 1789, les partis s’étaient mutuellement affaiblis, les guerres extérieures prêtaient au ministère un éclat inconnu jusqu’alors. H n’était que bien peu de personnes en France qui, en dépit de toutes les haines de partis, ne se fussent pas réjouies de la retraile des Prussiens; il n’en avait pas une qui ne sût que ce n’étaient ni les poignards des meurtriers de septembre ni les discours des Girondins qui venaient de vaincre l’ennemi, mais bien l’armée coînmandee par Dumouriez. Le ministère était d’autant plus entouré du prestige que procure toujours un grand succès guerrier, que l’honneur militaire seul avait encore le pouvoir de