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ANCIENNE POUTIQtJE DE LA RUSSIE. !3i

a.760 dans la personne d’Elisabeth, la dynastie des HolsteinOldenbourg, qui règne encore aujourd’hui, monta sur le trône avec Pierre III. On sait aussi que Pierre, selon la coutume russe; s’efforça de faire partout le contraire de ce qu’avait fait l’impératrice qui l’avait précédé; qu’il montra au roi de Prusse les intentions les plus pacifiques et un respect idolâtre, tandis qu’il ne témoigna aux Russes qu’un mépris railleur pour toutes leurs habitudes nationales, et qu’il irrita contre lui les deux soutiens de son trône, le clergé en s’emparant des biens de l’Église, l’arniée en montrant une prédilection marquée pour sa garde allemande. En l’espace dé quelques mois, l’aversion qu’il inspirait devint si forte et si générale, qu’un chef hardi n’eut qu’à se montrer pour rendre la catastrophe imminente. Ce chef fut Catherine, l’épouse même de Pierre lit. Cette princesse, née d’une famille presque obscure, dans une petite principauté allemande dont le souverain n’avait d’autre importance que celle que lui donnait son brevet de général prussien; était arrivée à Samt-Pétersbourg avec les meilleurs témoignages de la Prusse qui la dépeignait comme doucé et bien élevée. Durant les premières années qu’elle passa à la cour, elle ne chercha nullement & jouer un rôle; mais lorsqu’elle eut appris à connaitre le terrain sur lequel elle se trouvait, qu’elle se fut rendu compte de la rudesse et de la nullité de son époux, de l’ignorance des affaires dans laquelle l’indolence retenait l’impératrice Élisabeth et de la basse duplicité du ministère, alors elle se dit que c’était à elle que devait revenir le souverain pouvoir. On reconnut bien Vite que, ayant marqué le but de son ambition, elle ne s’en laisserait détourner par aucun sentiment féminin ni même humain. Quoique née dans la religion luthérienne et ayant reçu une éducation toute française, elle s’empressa, dés qu’elle vit quelle était la puissance du clergé russe, de professer l’attachement le plus orthodoxe pour l’Eglise grecque et de donner l’exemple de la plus grande piété. Repoussée par son épouxavec une aversion toujours Croissante, elle se réfugia dans une humilité et une obéissance apparentes, tout en s’emparant un à un, secrètement et d’uné main eùre, de tous les fils nécessaires pouf attirer la Russie à elle.C’eët ainsi qu’elle arrivai elle, une étrangère et une hérétique, à devenir le chef du vieux parti russe. Lorsqu’enfin elle se tait du-