Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/116

Cette page n’a pas encore été corrigée

H2 COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

cette époque, plus d’un démocrate décidé, qui, malgré la similitude des opinions, éprouvait une sorte de jalousie contre la municipalité et ses chefs. Le parti démocratique ne fit donc pas une seule tentative pour s’emparer du gouvernement; c’est tout au plus si l’on peut regarder comme un acheminement vers cette prise de possession deux faits qui se passèrent alors à la Convention la réélection du Comité de Sûreté générale, qui fut faite le 22 janvier, en l’absence de beaucoup de représentants, ce dont la gauche profita pour confier exclusivement à ses partisans cet organe de la haute police, puis la déclaration qui rendait la position de député incompatible avec toute autre fonction publique, bien que, ainsi que le remarqua un Girondin, la retraite de Roland eût fait disparaître toute crainte de voir la droite influer sur la formation du ministère. A ces divergences qui agissaient sourdement au sein de la Montagne s’ajoutait, en second lieu, l’attitude du centre. Ses concessions mêmes empêchaient la Montagne de frapper le dernier coup. Si la Convention avait absous Louis XVi, ou si le ministère avait accordé l’évacuation de la Belgique aux demandes des puissances maritimes, la Commune et les Jacobins auraient fait une nouvelle révolution et installé de nouveaux chefs au pouvoir. Mais, pour le moment, tout prétexe leur manquait, et la démocratie communiste se voyait forcée, bon gré mal gré, de différer son coup d’État décisif jusqu’à la première résistance. Ce moment pouvait se faire attendre longtemps encore, car le centre, dirigé par Barère, était résolu a suivre toutes les impulsions afin de conserver son crédit, et a se laisser entraîner par le courant révolutionnaire, n’importe jusqu’où, pourvu qu’il pût se maintenir au-dessus de l’eau. A tous égards, le soin le plus pressant devait être maintenant de concentrer les forces militaires en vue de l’extension qu’allait prendre la guerre. Il avait déjà été décidé qu’on enverrait des commissa.ires de la Convention dans les provinces, avec la mission de prendre toutes les mesures nécessaires à la sûreté publique c’était en même temps faire un pas vers le but auquel on tendait chaque jour davantage, la réunion de tous les pouvoirs sous la dictature de la Convention. Les comités travaillaient a des lois sur le recrutement, sur l’organisation de l’armée et du ministère de la guerre; mais on ne pouvait prendre de décision