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Par son charme puissant l’âme divinisée
S’envole élargissant ses ailes dans le ciel,
Et, buvant l’harmonie en Dieu même puisée,
Semblable à lui se fond au foyer éternel.
Les brumes qui voilaient son essor se dispersent,
Inondé de soleil fume un nouvel encens,
Et sur la terre, Éden recréé, les cieux versent
Les avalanches d’or de leurs astres naissants.

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Du printemps qui frissonne et du clair dialogue
Des ruisseaux gazouilleurs et des chansons des bois
S’exhale la fraîcheur de l’ineffable églogue
Où les rires d’oiseaux se mêlent à des voix.
Il semble qu’avril même, en fleurissant les cimes
Que caresse le souffle impérieux des mers.
Donne aux grelots d’argent, au cristal de ses rimes,
Tous les parfums des fleurs de tout cet univers.