Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chaises, si elles ne sont pas très-fortes, sont sujettes à souffrir dans la conduite d’une galante intrigue, la cuisinière étant ordinairement grosse et lourde, et le butler un peu pris de vin.

Je n’ai jamais pu souffrir de voir des servantes assez peu comme il faut pour aller par les rues avec leurs jupons retroussés ; c’est une bête d’excuse d’alléguer que leurs jupons se sont crottés, lorsqu’elles ont le remède si facile de descendre trois ou quatre fois un escalier propre une fois de retour à la maison.

Quand vous vous arrêtez à babiller avec quelque camarade de la rue, laissez la porte de la maison ouverte, afin de pouvoir rentrer sans frapper ; autrement votre maîtresse pourrait savoir que vous êtes sorti, et vous seriez grondé.

Je vous exhorte tous instamment à l’union et à la concorde ; mais ne vous méprenez pas sur ce que je dis : vous pouvez vous quereller entre vous tant que vous voudrez ; seulement ayez toujours présent à l’esprit que vous avez un ennemi commun, qui est votre maître ou maîtresse, et que vous avez une cause commune à défendre. Croyez-en un vieux praticien : quiconque, par malveillance pour un camarade, fait un rapport à son maître, ameutera tout le monde contre lui et sera perdu.

Le rendez-vous général de tous les domestiques, tant en hiver qu’en été, c’est la cuisine ; c’est là que doivent se traiter les grandes affaires de la maison, qu’elles concernent l’écurie, la laiterie,