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qui nous ont défendus la lance au poing. Eh bien ! tout ecclésiastique qu’il était, et quoiqu’il eût refusé du roi Guillaume une compagnie de cavalerie, Swift était un homme de guerre. Sa plume était une épée, une épée qui mit à bas bien des ennemis, qui gagna bien des batailles, qui sauva son pays de l’asservissement.

Mais l’esprit de parti est implacable. Après un combat, on voit des ennemis s’accorder des trêves et même faire la paix : l’esprit de parti ne connaît ni paix ni trêve.

Il est vrai que les partis eux-mêmes meurent et que le génie est appelé à leur survivre. Mais Swift eut l’imprudence de mettre le pied sur une hydre bien autrement redoutable, bien autrement vivace que l’esprit de parti. Cette hydre s’appelle le cant en Angleterre, c’est-à-dire le mensonge social, l’hypocrisie, et cet ennemi-là ne meurt ni ne pardonne. On pourrait dresser tout un martyrologe des téméraires qui se sont avisés de vouloir dire la vérité.