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sa retraite. De retour à Dublin, il reprit avec Stella ses habitudes de vie, et l’occasion d’embrasser la périlleuse défense de l’Irlande contre l’Angleterre, dans les Lettres du drapier, vint le relever de son accablement et lui offrir une glorieuse distraction.

En 1726, lorsqu’il était à Londres et après la publication de Gulliver, ayant eu avis que Stella était mourante, il se hâta de revenir à Dublin, où le peuple le reçut en triomphe, et où, chose plus douce à son cœur, il trouva en meilleure santé celle qu’il craignait de ne plus revoir. L’année suivante, en mars, Stella étant beaucoup mieux, il hasarda encore un voyage en Angleterre, mais pour en être rappelé par les mêmes appréhensions.

Cette fois, elles étaient fondées : Stella touchait à sa fin. Jusqu’au dernier moment, Swift ne quitta pas la chambre de la malade, lui prodiguant les soins les plus affectueux. Peu de temps avant qu’elle mourût, ils eurent ensemble un entretien dont on entendit ces paroles : « Eh bien, ma chère, si vous le désirez, il sera reconnu. — Il est trop tard, » répondit Stella. Elle expira le 28 janvier 1727-8, vers huit heures du soir.