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Après cela, les lois sont comme les toiles d’araignées, qui prennent les moucherons mais laissent passer les guêpes et les frelons. Mais, dans l’oratoire, le plus grand art est de cacher l’art : Artis est celare artem.

Mais ce doit être l’œuvre du temps ; nous devons saisir toutes les opportunités, et ne laisser échapper aucune occasion ; autrement ce sera la toile de Pénélope, il faudra défaire la nuit ce que nous aurons filé le jour. C’est pourquoi j’ai observé que l’occasion est représentée avec une mèche de cheveux par devant et chauve par derrière, ce qui signifie que nous devons prendre l’occasion aux cheveux (comme on dit), car une fois passée, il n’y a pas à la rappeler.

L’esprit de l’homme est dans le principe (si l’on me pardonne cette expression) comme une tabula rasa ou comme la cire qui, lorsqu’elle est molle, est susceptible de recevoir toute espèce d’impression, jusqu’à ce que le temps l’ait durcie ; et à la fin la mort, ce sombre tyran, nous arrête au milieu de notre carrière. Les plus grands conquérants ont fini par être vaincus eux-mêmes par la mort, qui n’épargne personne, du sceptre à la bêche : Mors omnibus communis.

Tous les fleuves vont à la mer, mais nul n’en revient. Xerxès pleura en contemplant son armée à l’idée qu’en moins de cent ans ils seraient tous morts. Anacréon fut étouffé par un pépin de raisin ; et une joie violente tue aussi bien qu’un violent