qu’à trahir cette funeste passion de l’envie, tourment plus cruel que n’en ont jamais inventé les plus grands tyrans :
Invidiâ Siculi non invenire Tyranni
Tormentum majus…
Je me permettrai de dire à ces critiques et beaux-esprits, qu’ils ne sont pas plus juges de cela qu’un aveugle-né ne l’est des couleurs. J’ai toujours observé que les tonneaux vides sont les plus sonores : je me soucie de leurs coups de fouet comme la mer de ceux de Xerxès. La plus grande faveur qu’on puisse attendre d’eux, c’est celle qu’Ulysse obtint de Polyphême, d’être dévoré le dernier ; ils croient venir à bout d’un écrivain, comme César de son ennemi, avec un Veni, vidi, vici. J’avoue faire cas de l’opinion du petit nombre d’esprits judicieux, tels qu’un Rymer, un Dennis ou un W…k ; mais pour le reste, s’il faut en dire mon avis en bloc, je pense que la longue discussion des philosophes au sujet d’un Vacuum, peut être résolue par l’affirmative en disant qu’il se trouve dans une tête de critique. Ils ne sont au plus que les frelons du monde savant, qui dévorent le miel et ne travaillent pas eux-mêmes ; et un écrivain ne doit pas plus tenir compte d’eux que la lune des aboiements d’un petit chien stupide. Car, en dépit de leur terrible rugissement, vous pouvez, en ouvrant l’œil à demi, découvrir l’âne sous la peau du lion.