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nessa, qui, avec sa décision habituelle, s’adressant droit à sa rivale, lui écrivit pour savoir quelle était la nature de ses relations avec le doyen. Stella, offensée, répondit qu’ils étaient mariés ; et indignée que Swift eût donné le droit à une femme de faire une pareille question, elle lui envoya la lettre de miss Vanhomrigh. Swift, dans un de ces accès de violence auxquels il n’était que trop sujet et qu’il serait peut-être aussi juste que charitable d’imputer à l’état de sa santé, monte à cheval, court à Marley-Abbey, entre chez miss Vanhomrigh, lui jette, sans dire une parole, la lettre de Stella sur une table, et s’en retourne à Dublin.

Ce fut un arrêt de mort pour la pauvre infortunée. Elle ne survécut que quelques semaines à ce coup, et, avant de mourir, elle révoqua un testament qu’elle avait fait en faveur de Swift.

Que cette mort, difficile à prévoir, autorise à accuser Swift de brutalité ; mais au moins qu’elle le justifie d’avoir hésité à prendre un parti.

À cette terrible nouvelle, il disparut pendant deux mois, sans qu’on ait jamais su le lieu de