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lation avec une autre Esther, miss Vanhomrigh, dont il s’était fait aussi le précepteur, qui avait reçu aussi de lui le baptême poétique sous le nom de Vanessa, et qui, elle aussi, n’avait pas su résister à cette séduction involontaire.

Mais, plus hardie que sa rivale, Vanessa fit à Swift l’aveu de son amour. Surpris et tourmenté d’un résultat qu’il se reprochait de n’avoir pas prévu, il essaya de la déterminer à se contenter de l’offre de son amitié ; mais sa résistance ne fit qu’irriter une passion ardente, une nature opiniâtre.

Il est aisé de faire, après coup, un crime à Swift de son imprévoyance. Un fat, assurément, aurait pressenti le danger. Mais, que voulez-vous ? Swift n’était point un fat ; et en tout cas l’imprévoyance n’est point un crime.

Ce qu’il y a de positif, c’est qu’il fut très-malheureux d’une confidence qui aurait flatté la vanité de tant d’autres ; et que, bien résolu de ne pas faire à sa pupille le chagrin d’épouser une fille qui, par son éducation, son caractère, sa position dans le monde, lui convenait mieux à tous égards, il s’en revint courageusement en Irlande, après avoir annoncé à Vanessa son