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contre la fausseté, l’ignorance et l’envie ; mais je suis exaspéré, à la fin, et décidé à tirer ce Cacus de l’antre de ténèbres où il se cache, à le démasquer à la clarté de ces astres qu’il a si impudemment calomniés, et à montrer qu’il n’est pas de monstre dans le ciel aussi pernicieux et malveillant pour le genre humain qu’un ignorant qui se donne pour médecin et pour astrologue. Je ne tomberai pas tout de suite sur les nombreuses et grossières erreurs, et je ne mettrai pas en lumière les absurdités notoires de ce libelle mercenaire ; je veux auparavant mettre le monde savant loyalement au fait de la controverse pendante, et ensuite laisser aux gens sans préjugés à apprécier les mérites et la justice de ma cause.

C’est vers la fin de l’année 1707, qu’un impudent libelle se glissa dans le monde, intitulé, Prédictions, etc. par Isaac Bickerstaff, esq. Parmi toutes les arrogantes assertions de cet esprit menteur de divination, il lui a plu de nous prendre pour plastrons le cardinal de Noailles et moi, entre autres personnes éminentes et illustres, et d’annoncer que nous allions mourir dans le courant de l’année prochaine, et il fixe formellement le mois, le jour et l’heure de notre mort : ceci, je pense, c’est se jouer des grands et de l’esprit public, au scandale de la religion et au blâme du pouvoir ; et si les princes souverains et les astrologues doivent servir d’amusement au vulgaire, — alors adieu, dis-je, à tous gouvernements, ecclésiastiques et civils. Mais, mon