Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais il paraît, quoiqu’il ait marié un vieux nom de famille à un nom de baptême fort peu commun, qu’il s’est trouvé dans cette grande ville un homme pour signer ces deux noms, mais non pas la brochure, je suppose.

Ce n’a pas été, je pense, une petite mortification pour cet amateur astrologue, ainsi que pour son libraire, de voir leur publication, dont l’impression et le papier étaient tolérables, devenir immédiatement la proie de trois ou quatre imprimeurs interlopes de Grub Street ; le titre farci d’un résumé de la matière, avec les épithètes classiques d’étrange et merveilleux ; le prix, qui dans la nouveauté n’était que de deux sous, abaissé de moitié, et hurlé par des colporteurs de bas étage avec la cadence finale de « ça ne se vend qu’un sou. » Mais sic cecidit Phaeton ; et, pour le consoler un peu, je lui dirai que cette production de moi aura la même destinée : demain j’aurai les oreilles écorchées par les petits garçons et petites filles en chapeaux de paille, et je subirai cent fois la mortification de me voir offrir mon propre ouvrage au rabais. Puis, ce qui est bien pis, ma connaissance du café me demandera si j’ai vu la « réponse aux prédictions du squire Bickerstaff, » et si je connais le faquin qui l’a écrite ; et garder sa contenance dans une telle conjoncture, n’est pas chose aisée. En pareil cas, lorsque vous voyez un homme éviter de louer et de condamner, prêt à détourner le sujet, se tenant aussi peu que possible en pleine lumière pour ca-