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la réputation de M. Bickerstaff pendant quinze jours de plus, jusqu’à ce qu’on apprît de France si le cardinal de Noailles était mort ou en vie le 4 avril, ce qui est la seconde de ses prédictions.

Pour un morceau si négligemment écrit, les observations sur l’astrologie sont raisonnables et pertinentes, les remarques justes ; et comme le papier est, selon moi, une satire dirigée contre la crédulité du vulgaire et cette frivole démangeaison de soulever le voile de l’avenir, nous n’avons là que ce que nous méritons tous. Et puisque nous sommes condamnés à entendre crier perpétuellement par les rues des choses étranges et merveilleuses, je suis bien aise de voir un homme de sens et de loisir être d’humeur à prendre en main ce métier pour son divertissement et pour le nôtre. Comme on dit à la ville, c’est une attrape : sa plaisanterie a pleinement réussi et il peut être satisfait.

J’approuve très-fort l’air sérieux qu’il prend dans son introduction et dans sa conclusion, et qui a été jusqu’à persuader à des gens d’un rang qui est loin d’être médiocre, que l’auteur se croit lui-même. Il nous dit qu’il « engage tout le crédit de son art sur la vérité de ces prédictions, et permet à Partridge et au reste de sa bande de le conspuer comme un fripon et un imposteur, s’il se méprend sur aucune particularité ; » avec quelques autres phrases du même genre, auxquelles je crois parfaitement, convaincu qu’il lui est fort indifférent que Isaac Bickerstaff soit ou ne soit pas montré au doigt.