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regarde, à la fois orgueilleux et modeste, comme incapable de ressentir de l’amour et d’en inspirer, ce prêtre passe une partie de sa vie dans une complication d’événements romanesques dignes d’un Lovelace.

Mis en demeure de choisir entre deux femmes qui, à divers titres, lui sont chères, et dont il est passionnément aimé, il se décide pour celle vers laquelle son cœur et ses intérêts l’entraînent le moins.

Effrayé de l’exemple de son père et de sa sœur, il s’est promis de ne jamais se marier, et il se marie.

Il se marie, et, toute sa vie, il tient secret son mariage.

Il se marie, et vit en étranger avec sa femme.

Enfin, à force de ménagements, il fait le malheur de ces deux cœurs jaloux.

Avais-je tort de dire que les aventures de Swift n’étaient guère moins étranges, moins fécondes en antithèses que celles de son Gulliver ?

Puisqu’on s’est emparé de cette partie de son histoire pour faire de Swift une espèce de Barbe-Bleue, il faut bien en parler ici ; mais, auparavant, je dois prévenir mes lecteurs que