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rés ; et si à cela nous ajoutons que ceux qui ont condamné cet art, quoique instruits d’ailleurs, ou n’avaient pas étudié la matière, ou du moins n’avaient pas réussi dans cette étude, leur témoignage ne sera pas d’un grand poids contre lui, puisqu’ils sont passibles du reproche ordinaire de condamner ce qu’ils n’ont pas compris.

Je ne suis nullement offensé non plus, et je ne crois pas que ce soit une injure pour cet art, quand je vois les gens qui en font métier, les étudiants en astrologie, les philomathes et le reste de cette clique, traités par les gens sensés avec le dédain et le mépris le plus profond ; mais je suis bien plutôt étonné, quand je remarque des gentlemen de province, assez riches pour servir la nation au Parlement, étudiant l’almanach de Partridge pour y trouver les événements de l’année, au dedans et au dehors, et n’osant pas proposer une partie de chasse sans que Gadbury[1] ou lui aient déterminé le temps qu’il ferait.

Je suis prêt à reconnaître que l’un ou l’autre de ces deux hommes, ou tout autre membre de cette confrérie, est non-seulement astrologue, mais sorcier, qui plus est, si je ne produis pas une centaine

  1. John Gadbury, tailleur de son métier, mais tailleur d’Oxford, publia longtemps un Almanach, qui rivalisait de réputation avec celui de Partridge, lequel, étant un piètre cordonnier de Londres, ne pouvait pas être supposé aussi savant. Mais il compensait cette infériorité par son effronterie ; et ce cordonnier et ce tailleur trouvèrent des partisans qui s’enrolèrent dans leurs factions séparées, tandis qu’ils se contestaient l’un l’autre leurs droits à prophétiser juste et à connaître l’influence cachée des corps célestes.