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Le choix qu’il fit du nom d’Isaac Bickerstaff, vient, dit-on, de ce qu’il aurait vu le dernier de ces noms sur une enseigne de serrurier.


J’ai réfléchi aux grossiers abus de l’astrologie dans ce royaume, et en discutant la chose à part moi, j’ai dû jeter la faute, non sur l’art lui-même, mais sur les vils imposteurs qui s’en donnent pour les interprètes. Je sais que plusieurs personnes fort instruites ont soutenu que ce n’était que tromperie ; qu’il est absurde et ridicule de s’imaginer que les astres puissent avoir aucune espèce d’influence sur les actions, pensées ou inclinations humaines ; et quiconque n’a pas dirigé ses études de ce côté est excusable de le croire, lorsqu’il voit de quelle misérable manière ce noble art est pratiqué par un petit nombre de bas et ignares trafiquants entre nous et les astres ; lesquels importent annuellement toute une cargaison d’absurdités, de mensonges, de folies et d’impertinences, qu’ils offrent au monde comme venant tout droit des planètes, quoiqu’elles ne descendent pas de plus haut que leur propre cerveau.

Mon intention est de publier dans peu de temps une grande apologie raisonnée de cet art ; c’est pourquoi je ne dirai rien à sa justification quant à présent, si ce n’est qu’il a été défendu de tout temps par une foule d’hommes éclairés, et entre autres par Socrate en personne, que je considère comme incontestablement le plus sage des mortels non inspi-