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licatesse, vous rudoyant lorsqu’il vous rend service.

Ajoutez à ces dispositions ce sentiment de notre force qui nous pousse à la lutte, cette fougue de caractère qui s’irrite de l’obstacle et emporte au-delà du but ; pour prix de cette fierté qui interdit toute explication, le froissement qui résulte des intentions méconnues, le mépris pour les hommes qui résulte de ce froissement, et au service de ce mépris, une puissance de sarcasme qui, pour un ennemi terrassé, nous suscite mille ennemis ; un emploi constant de l’ironie, cette figure de rhétorique si féconde en méprises ; en dépit de sa robe et de son air grave, une humour irrésistible qui lui fait peut-être envisager la dignité du langage (à cette époque guindée de hauts talons et de vastes perruques) comme un autre genre d’hypocrisie ; à toutes ces causes d’interprétations erronées et d’animadversion, ajoutez l’esprit de parti politique et religieux, et vous vous expliquerez des préventions que sa mort n’a pu détruire, peut-être parce que ses écrits, qui ne meurent pas, les entretiennent sans cesse. Vous comprendrez comment il se fait que cet ecclésiastique qui, demandez-