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tous leurs domestiques, obligés d’aider à emporter de la tourbière les fonds mouillés des vieilles briques.

La grille de la chambre à coucher des dames brisée au point de devoir être enlevée, ce qui les a forcées d’être sans feu, la cheminée fumant d’une façon intolérable ; et la houppelande du Doyen employée à intercepter le vent de la cheminée, sans quoi elles seraient mortes de froid.

Un messager envoyé à un mille pour emprunter un vieil entonnoir cassé.

Des bouteilles bouchées avec de petits morceaux de bols et d’étoupe, au lieu de liége.

Pas un ustensile pour le feu, excepté une vieille paire de pincettes, qui voyage dans toute la maison, et est employée aussi à tirer la viande du pot, faute d’une grande fourchette.

Chaque domestique fieffé voleur de tout ce qui se boit et se mange, et chaque allant et venant non moins fieffé voleur de tout ce qui est à sa portée.

La broche, tout épointée à chercher du bois dans les fondrières, déchire la viande.

Bellum atque fœminam, ou guerre de cuisine entre la bonne et une affreuse clique des deux sexes : elle, pour maintenir l’ordre et la propreté ; eux, pour détruire l’un et l’autre ; et généralement ils sont les vainqueurs.

28 avril. Ce matin, la grande porte de devant tout ouverte, allant et venant de tout son poids