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truit, d’un excellent esprit, et d’un goût sûr. Il est vrai, et cela est heureux pour vous, que ces qualités sont ornées d’une grande modestie, d’une très-aimable douceur de caractère, et d’une disposition peu ordinaire à la sobriété et à la vertu ; mais ni son bon caractère, ni sa vertu ne lui permettront de vous estimer contrairement à son jugement ; et quoiqu’il ne soit pas capable de vous traiter mal, cependant vous deviendriez pour lui, avec le temps, une chose indifférente, et peut-être méprisable, à moins que vous ne puissiez suppléer à la perte de votre jeunesse et de la beauté par des qualités plus durables. Vous avez fort peu d’années à être jeune et jolie aux yeux du monde ; et aussi peu de mois à l’être aux yeux d’un mari qui n’est point un sot, car j’espère que vous ne rêvez point encore aux charmes et aux ravissements que le mariage a toujours eu et aura toujours pour mission de faire cesser subitement. D’ailleurs, votre union a été une affaire de prudence et de bonne amitié, sans aucun mélange de cette ridicule passion qui n’existe que dans les pièces de théâtre et dans les romans.

Vous devez donc faire tous vos efforts pour acquérir les avantages que votre mari prise le plus chez les autres, et pour lesquels on l’estime le plus lui-même. Vous devez améliorer votre esprit en suivant exactement le système d’étude que je dirigerai ou approuverai. Vous devez vous procurer une collection d’histoires et de voyages que je vous re-