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une certaine dose de bon sens, peut rendre la conversation ou tout espèce d’amusement agréable. Mais une réunion de femmes est une véritable école d’impertinence et de médisance, et pires elles sont, mieux cela vaut.

Que vos connaissances, en fait d’hommes, soient du choix de votre mari, et ne les prenez pas sur la recommandation de vos compagnes ; parce qu’elles vous affubleront certainement de quelque fat, et il vous en coûtera du temps et de la peine avant de pouvoir être en état de distinguer un fat d’un homme de sens.

N’admettez jamais une femme de chambre favorite dans votre conseil de cabinet, pour vous entretenir d’histoires des dames qu’elle servait précédemment, de leurs divertissements et de leurs toilettes ; pour faire des insinuations sur la grande fortune que vous avez apportée, et le peu qu’on vous laisse gaspiller ; pour en appeler de votre mari à elle, et vous en rapporter à son jugement, parce que vous êtes sûre qu’il sera toujours en votre faveur ; pour recevoir et renvoyer les domestiques d’après son suffrage ou son approbation ; pour vous engager, par ses insinuations, dans des mésintelligences avec vos meilleurs amis ; pour présenter toutes choses sous de fausses couleurs, et pour être l’émissaire commun de la médisance.

Mais la grande affaire de votre vie sera de gagner et de conserver l’amitié et l’estime de votre mari. Vous avez épousé un homme bien élevé, ins-