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fort peu d’exceptions. Par exemple, dans les recettes qu’elles donnent d’habitude aux jeunes mariées pour mener leurs maris ; les divers traits qu’elles citent d’elles-mêmes à cet égard, les proposant à votre imitation ; le mal qu’elles disent des autres personnes de leur sexe qui agissent différemment ; leurs instructions sur la manière de remporter la victoire dans toute discussion ou querelle que vous pouvez avoir avec votre mari ; les artifices par lesquels vous pouvez découvrir et exploiter son côté faible ; quand vous devez procéder par flatterie et insinuation, quand l’attendrir par vos larmes, et quand le mener haut la main ; dans ces cas, et dans mille autres, il sera prudent de retenir dans votre mémoire autant de leurs leçons que vous pourrez, et de vous déterminer alors à faire le contraire d’elles toutes.

J’espère que votre mari interposera son autorité pour limiter le nombre de vos visites : une demi-douzaine d’imbéciles est, en bonne conscience, autant que vous pouvez demander, et il sera suffisant pour vous de les voir deux fois par an, car je crois que la mode n’exige pas qu’on fasse des visites à ses amis.

Je vous engage à avoir plutôt chez vous une compagnie d’hommes que de femmes. À dire vrai, je n’ai jamais connu une femme passable qui aimât son propre sexe. Je conviens que lorsque les deux sexes sont mêlés et bien choisis, il peut y avoir échange de civilité et de bon vouloir, ce qui, avec