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nable de désigner un lieu où on pût l’évacuer, ce qui est bien dur, comme on en peut juger par comparaison.

Et vraiment cette lacune a eu des inconvénients inexprimables ; car, sans parler du préjudice causé à la république des lettres, je suis d’avis que notre santé en souffre : je crois que notre air corrompu et tous nos épais brouillards sont dus en grande partie à l’exposition de notre esprit à tous les coins de rue, et qu’en s’y prenant bien, nos vapeurs poétiques pourraient être emportées dans un égout commun et tomber dans un quartier de la ville sans en infecter la totalité, comme il arrive à présent, au grand désagrément de notre noblesse, de notre gentry et autres, qui ont le nez délicat. Quand les écrivains de toute taille, comme ceux qui ont droit de cité, sont libres de jeter leurs ordures et productions excrémentielles dans chaque rue qu’il leur plaît, quelle en peut être la conséquence, si ce n’est que la ville soit empoisonnée, et devienne leur véritable latrine, comme, au rapport de grands voyageurs, Édimbourg l’est la nuit ; chose très-digne de considération dans ces temps de peste.

Je ne suis pas de la société pour la réforme des mœurs ; mais, sans ce titre entaché de suffisance, je serais bien aise de voir quelque amélioration dans l’objet qui nous occupe : c’est pourquoi je réclame la faveur du lord maire, de la cour des aldermen et du conseil municipal, ainsi que du