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monie et ressemblance qui existe entre un poète et un cordonnier, dans beaucoup de circonstances qui leur sont communes à tous deux : la façon dont leur front est ceint ; la matière sur laquelle ils travaillent, et leur habitude de tailler et rogner, etc., n’était que je ne veux point me jeter dans des digressions, ni avoir l’air de badiner dans un sujet si sérieux.

Or, je dis que si vous vous appliquez à ces petits jeux (sans parler de plusieurs autres aussi ingénieux, tels que les propos interrompus, les questions et les réponses, et autres), vous ne vous figurez pas quel bénéfice (de nature) vous en retirerez, et comme ils vous ouvriront l’imagination. Consacrez-leur vos moments disponibles, ou plutôt disposez de tous vos moments en leur faveur, et alors vous agirez comme il convient à un homme sensé, et ferez de vos distractions même un moyen de perfectionnement ; ainsi que fait l’inimitable abeille qui s’acquitte à la fois de toute la besogne de la vie, et tout ensemble se nourrit, travaille et se divertit.

Votre propre prudence, je n’en doute pas, vous portera à prendre place chaque soir parmi les gens de mérite, dans le coin de certain café de cette ville, où vous vous façonnerez également bien sous le rapport de l’esprit, de la religion et de la politique, et aussi à fréquenter la comédie aussi souvent que vous pourrez le faire sans vendre vos livres. Car, dans notre chaste théâtre, Caton lui-même pourrait rester jusqu’à la chute du rideau ; d’ailleurs, vous