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de l’esprit

cette diſtinction, ſoutenant que toutes les Nations, quelles qu’elles puiſſent être, adorent la véritable Divinité, parce qu’elles adreſſent toutes leur culte à quelque puiſſance inviſible, qui a toute la bonté, & tout le pouvoir néceſſaire, pour ſubvenir à leurs beſoins ; Notion, qui renferme en effet les plus glorieux attributs de l’Etre ſuprême. Il y a d’autres Auteurs, qui nous enſeignent, que ces Idolatres adorent deux Principes, l’un comme ſource de tout bien, l’autre comme origine de tout mal. Et, certainement, voilà ce qui me paroit l’idée la plus naturelle, que les hommes puiſſent concevoir des choſes inviſibles, par les ſimples lumieres de la nature. La maniere dont les Indiens & les Habitans de l’Europe ont manié cette idée, & les differentes conſequences qu’ils en ont voulu tirer les uns & les autres à leur avantage, c’eſt à mon avis un point, qui mérite un examen très-ſerieux.

La principale diſtinction, qu’il y a à faire là-deſſus, ſelon mon petit jugement, conſiſte en ce que les prémiers ſont plus ſouvent portez à la devotion par leurs craintes, que les autres, par leurs déſirs ; & que le mauvais Principe