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JUSTIFICATION &c.

couverte de la Vérité, qui doit être le grand But de toutes les Diſputes des Savans.

Il me ſemble, qu’un homme de l’éducation de M. Partrige devroit ſonger un peu à polir ſon ſtile, & ne point donner à un homme, dont tout le crime conſiſte à differer de lui dans un point de pure ſpéculation, les noms odieux de fou, de faquin, & d’impudent. J’en apelle au Monde ſavant, & je lui demande, ſi, dans mes Predictions de l’Année paſſée, je l’ai traité d’une maniere à m’attirer de pareils Epithetes. Les Philoſophes ont eu des Diſputes dans tous les siécles ; mais, les plus polis dentr’eux ont toujours diſputé en vrais Philoſophes. La fougue, & les manieres harangeres, dans la Controverſe, ne font rien à la queſtion, & ne ſont tout au plus, qu’un aveu tacite, qu’on ſe défie de la bonté de ſa cauſe.

Ce qui me touche le plus dans cette affaire, ce n’eſt pas ma propre Réputation, c’est le Bien général de la République des Lettres, que le Sieur Partrige a bleſſée à travers mon flanc. Si des gens, qui travaillent pour le bien public, doivent être traitez d’une maniere