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L’ACCOMPLISSEMENT

que, dans mes propres Compoſitions, il n’entrât aucun Ingrédient dangereux.

J’eus encore avec lui quelques autres Diſcours, dont je ne me ſouviens pas. Le mal n’eſt pas grand, & peut-être mon Recit ennuïe-t-il déja votre Grandeur. J’ajoûterai ſeulement à ce que je viens de dire, que dans ſon Lit de Mort il s’eſt déclaré Non-conformiſte, & qu’il avoit un Miniſtre fanatique pour Conſolateur & pour Guide ſpirituel.

Après une demi-heure de Converſation, je pris congé de lui, à moitié étouffé par l’air renfermé de ſa petite chambre. Perſuadé, qu’il n’en avoit pas pour long-tems, j’entrai dans un petit Caffé près de-là, après avoir laiſſé chez le Malade un Laquais, avec ordre de me venir avertir de l’inſtant de la Mort le plus éxactement, qu’il ſeroit poſſible. Il m’en vint aporter la nouvelle deux heures après : &, tirant ma Montre, je vis, qu’il étoit à peu près ſept heures & cinq minutes ; ce qui fait voir clairement, que M. Bickerſtaf s’eſt trompé dans ſon calcul de quatre heures. En recompenſe, ſa Prédiction eſt fort exacte, par raport aux autres Circonſtances de cette Mort.