Page:Swift - Le Conte du tonneau - tome 2 - Scheurleer 1732.djvu/292

Cette page a été validée par deux contributeurs.
268
L’ACCOMPLISSEMENT

dans le Cours de cette Année, que moi-même. Je lui dis, que ſon Diſcours me ſurprenoit, & que je ſerois ravi que ſa ſanté lui permit de me communiquer les Raiſons, qui le convainquoient de l’Ignorance de M. Bickerſtaf. Helas ! Monſieur, me répondit-il, je ne ſuis qu’un pauvre Idiot, élevé dans le Métier le plus bas[1] ; mais, j’ai aſſez de bon-ſens, pour ſavoir, que toutes les Prétentions des Aſtrologues ſur l’Avenir ne ſont que des Chimeres. La raiſon en eſt évidente ; toutes les perſonnes éclairées, & ſavantes, qui ſont ſeules capables de connoitre le fort & le foible de cette Science s’accordent unanimement à la mépriſer, & à la tourner en ridicule. Il n’y a que l’ignorant Vulgaire, qui y donne ; & cela, ſur la Foi de Gens comme moi, & mes Camarades, trop ignorans pour ſavoir bien lire, & écrire.

Je lui demandai là-deſſus, s’il n’avoit jamais tiré ſon propre Horoſcope, pour voir s’il s’accorderoit avec le Pronoſtic de M. Bickerftaf. Monſieur, Monfieur, me repliqua-t-il, en ſecouant la

  1. Il avoit été Savetier.