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Projet pour l’Avancement

l’Artiſan, ont trouvé chacun dans ſa vocation tant de moïens de tromper, & tant d’artifices ſubtils, qu’ils paſſent la portée de la prudence humaine, incapable de ſe précautioner contre tant de piéges. Nos Legiſlateurs ne pouroient jamais rendre un plus important ſervice au Public, qu’en apliquant un remède efficace à ce mal, qui, dans pluſieurs cas, mérite des chatimens plus rigoureux, que certains crimes, que nos Loix puniſſent par la mort du coupable. Le Marchand de Vin mêle du Poiſon à ſes liqueurs frélatées, & tuë par-là plus de ſujets, qu’une maladie contagieuſe. L’Avocat vous perſuade d’entrer dans un Procès, dans lequel il prévoit votre ruine, & celle de toute votre Famille. Le Banquier prend tout votre capital, & il vous en promet des rentes conſiderables, reſolu de faire banqueroute le jour après. Tous ces Scelerats meritent infiniment mieux la Potence, que ce Malheureux qu’on y atache, pour avoir volé un Cheval.

On ne ſauroit gueres répondre devant Dieu, & devant les Hommes, de ce qu’on ne fait point quelque Loi ſevere, contre la Liberté exceſſive de la Preſſe.