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Projet pour l’Avancement

cette nature ; à préſent, qu’en diſpoſant des charges, on ne ſe donne pas la peine de ſonger ſeulement aux qualitez qui rendent une perſonne propre à s’en acquiter comme il faut.

Je me ſuis imaginé fort ſouvent, qu’une Dignité, ſemblable à celle de la Cenſure chez les Romains, pourroit être introduite chez nous avec ſuccès, & renfermée dans les bornes néceſſaires, pour l’empêcher de tomber dans des excès pernicieux. Les Romains connoiſſoient auſſi bien que nous les avantages de la Liberté, & les moïens néceſſaires pour la maintenir. Ils en étoient auſſi jaloux que nous : dans toutes les occaſions ils s’en montroient auſſi hardis defenſeurs. Cependant, je ne me ſouviens pas d’avoir vu, dans leurs Hiſtoires, de grandes plaintes, ſur les inconveniens atachez à cette Dignité : elles nous ont informez, au contraire, de mille effets extraordinairement utiles de cette Charge ſalutaire.

Il s’eſt repandu dans notre Nation un grand nombre de Vices, qui ne ſont que trop connus de tout le monde quoi qu’ils échapent à la rigueur de toutes nos Loix. Tels ſont l’Atheïſme,