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de la Religion.

rer à des Officiers de diſtinction, que parmi tous ceux de notre Armée, qu’ils avoient frequentez, ils n’en avoient pas connu trois, qui, par leurs diſcours, & par leur conduite, paruſſent croire un ſeul mot de l’Evangile. On peut hardiment avancer la même choſe, par raport à nos Forces Navales.

Les Actions de ces Incredules ne repondent que trop juſte à leurs Sentimens. On ne ſait plus ce que c’eſt que d’affecter du moins la Sageſſe, & de pallier les Vices. On les expoſe hardiment aux yeux de tout le monde, comme les choſes les plus indifferentes de la vie humaine, ſans le moindre remord de conſcience, & ſans craindre de s’attirer par-là une mauvaiſe reputation. Tout homme vous dira, qu’il a été ivre le jour précedent, ou qu’il va s’enivrer dans le moment même ; & même il vous le dira d’un air auſſi Cavalier, que s’il vous diſoit, qu’il va faire un tour de promenade. Il vous racontera, qu’il s’en va dans un lieu infame, ou qu’il en eſt revenu en fort mauvais état, avec la même indifference, dont il vous débiteroit une nouvelle : vous l’entendrez jurer, renier, profaner, blaſphemer, ſans être animé par la moindre paſſion.