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l’Aboliſſement du Chriſtianiſme.

attende de ſi grands avantages pour l’Etat & pour l’Egliſe, je ſerois du moins d’avis de le differer juſqu’à la Paix, afin de ne nous point brouiller avec tous nos Alliez, qui par malheur ſont tous Chrétiens, & parmi leſquels ils s’en trouve, que les préjugez de l’éducation rendent aſſez bigots, pour ſe faire une gloire de porter ce nom. Ceux qui pourroient s’imaginer, qu’une alliance avec le Turc ſeroient propre à nous dédommager de la perte de nos confédérez, ſe trompent groſſierement. Non ſeulement cette Nation eſt trop éloignée de nous, & preſque continuellement en Guerre avec le Roi de Perſe ; mais, elle ſeroit encore plus ſcandaliſée de notre Force d’Eſprit, que nos Voiſins & nos Alliez eux-mêmes. Non ſeulement ces Infidelles reconnoiſſent un Culte Religieux ; mais, qui pis eſt, ils croïent en Dieu, ce qui eſt fort au de-là de tout ce qu’on exige de nous même dans le tems que nous portons encore le titre de Chrêtiens.

Je finirai par la Remarque que voici. Quelques avantages, que ce projet magnifique promette à notre Commerce, je ſuis ſur que, ſix mois après que l’Acte