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l’Aboliſſement du Chriſtianiſme.

jugés, & de la Pédanterie ; en un mot, gens à faire l’ornement de la Cour & de la Ville. D’ailleurs, dit-on, un ſi grand nombre de Théologiens maſſifs, & bien découplez, feroit une recrue impaïable pour nos Flottes, & pour nos Armées.

J’ai trop de bonne foi, pour ne pas convenir que cette difficulté merite notre attention ; mais, on peut y oppoſer d’autres difficultez d’un poids tout auſſi conſiderable. N’eſt-il pas aſſez néceſſaire, par exemple, que dans chacun de ces territoires, qu’on apelle Paroiſſes, il y ait du moins un ſeul homme, qui ſache lire, & écrire ? De plus, il me ſemble, qu’on compte, comme on dit, ſans ſon hôte, quand on s’imagine, que les Revenus des Egliſes de toute notre Ile ſeroient ſuffiſans, pour entretenir, de la maniere dont les honnêtes-gens vivent dans nos jours, je ne dis pas deux cens jolis Cavaliers, mais ſeulement la moitié de ce Nombre. N’eſt-ce pas tomber dans la derniere des abſurditez, que de prétendre, qu’il y auroit-là de quoi les mettre à leur aiſe, ſelon le ſens le plus moderne de ces expreſſions ? Il y a encore dans ce petit projèt-là, quelque