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Diſſertation contre

eſt formelle là-deſſus : Deorum offenſa Diis curæ.

Pour ce qui regarde le fait particulier, dont je viens de faire mention, on m’accordera facilement, qu’on ne ſauroit fonder une propoſition générale ſur un ſeul exemple. On peut dire à la conſolation de tous ceux, qui craignent une pareille intolerance, qu’il n’eſt pas poſſible d’en alleguer un autre. Ne ſait-on pas, que des diſcours blaſphematoires ſont prononcez tous les jours, avec toutes la liberté imaginable, dans les Cabarets, & dans tous les autres lieux, où les honnêtes-gens ſe voïent.

J’avouë ingenument, que de punir le Blaſpheme en dépouillant de ſon Employ un Officier Anglois né libre, eſt un Acte de Depotiſme aſſez vif, pour en parler dans les termes les plus modeſtes ; & qu’il eſt difficile de juſtifier le General[1], qui s’en eſt rendu coupable. Peut-être craignoit-il, que ces ſortes de diſcours ne fuſſent propres à ſcandaliſer les Alliez, parmi leſquels c’eſt peu-être la mode de croire en Dieu : c’eſt tout ce qu’on peut alleguer de plauſible en ſa faveur. Car, ſe

  1. Le Duc de Marlborough.