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FACULTEZ DE L’AME.

que les plus corrompues de la Secte n’ont fait qu’emprunter le nom de leur illuſtre maître, pour donner cours à cette opinion impertinente ; ſemblables au ſinge, qui ſe ſervoit des griffes du chat ; pour tirer les chataignes des cendres chaudes.

Cependant, le premier pas qu’il s’agit de faire pour guérir un malade, c’eſt de bien connoître la nature de ſon indiſpoſition : &, quoique la Verité soit difficile à trouver, parceque, ſelon le ſentiment d’un Philoſophe, elle demeure au fond d’un Puits, il n’eſt pas neceſſaire de ſe fermer les yeux de propos déliberé ; & il me ſera permis, j’eſpere, d’offrir ma pite au milieu d’un ſi grand nombre de perſonnes, qui me ſurpaſſent en Érudition. Quelquefois un Spectateur voit mieux les coups, que les Joueurs eux-mêmes. D’ailleurs, je ne croi pas, qu’un Philoſophe ſoit obligé de rendre compte de tous les Phenomenes de la Nature, ou de ſe noïer avec Ariſtote, faute de ſavoir expliquer le flux & le reflux. Sa meilleure ſentence n’eſt pas celle, à coup ſeur, qu’il s’apliqua à ſoi-même dans cette facheuſe conjoncture : Quia te non capio, tu capies me. On