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DU TRADUCTEUR.

vroit être naturellement d’un Gout plus général, & plus propre à repondre au But de ces ſortes d’Ouvrages. Il y a une heureuſe Variété, qui entretient l’attention, & qui ſemble la délaſſer. Et c’eſt ce qui manque, à mon Avis, aux Livres François dont je viens de faire mention. Ces Réflexions, & ces Caracteres, ſont d’un tour concis, ſerré, un peu obſcur, toujours ſérieux. Ce ſont autant d’Oracles, pour ainſi dire. On en peut lire quelques pages ; mais, inſenſiblement, l’Eſprit ſe rebute de ces Sentences, & de ces Portraits,

Qui ſur un même ton ſemblent pſalmodier.

L’Eſſay dans le Gout le plus moderne eſt une des plus plaiſantes Piéces, qu’il eſt poſſible de voir. L’Auteur y imite admirablement bien certains Ecrivains novices, qui, avec la mince proviſion de dix ou de douze Lieux-communs, ont la démangeaiſon inſurmontable de ſe faire imprimer ; & qui ſemblent s’imaginer, que ce qu’ils viennent fraichement d’aprendre aura pour le Public la même grace de la Nouveauté, dont ils ſont charmez eux-mémes.

L’Auteur fait ſemblant de prendre