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Bataille

nerent avec impetuoſité ; le mouvement de leurs corps répondant aux images trompeuſes qui les amuſoient pendant le ſommeil. Phalaris ſongeoit qu’un vil Poëtereau l’aïant ſatiriſé, il l’avoit enfermé dans ſon Taureau d’airain, ou le malheureux rempliſſoit l’air de ſes meuglemens. Pour Æſope, il révoit qu’il étoit étendu à terre avec d’autres Chefs des Anciens ; & qu’un Ane, s’étant détaché, les fouloit aux pieds, & les ataquoit par des ruades redoublées. Le divin Bentley, effraïé du mouvement involontaire de ces deux Capitaines, n’oſa rien entreprendre contre eux : il ſe contenta de ſaiſir leurs armes ; & il ſe retira, pour aller rejoindre ſon cher Wotton.

Ce jeune Heros, cependant, avoit traverſé les Campagnes, pour chercher quelque Avanture digne de lui. Il parvint à la fin au bord d’un petit ruiſſeau, dont la ſource n’étoit pas éloignée. Les mortels l’apellent Hypocrene. Il s’y arrêta ; &, preſſé de la ſoif, il voulut l’apaiſer dans ce criſtal liquide. Trois fois ſes mains portérent l’eau ſacrée à ſa bouche, & trois fois elle s’écoula à travers ſes doits. Il ſe jette à terre, pour ne plus tromper ſa cruelle ſoif ; mais, ſes le-