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Bataille

te ; mais, caracollant avec une agilité étonnante[1], il fit un terrible carnage parmi la Cavalerie legere de l’Ennemi. Quand Cowley remarqua ſes grandes actions, le ſang lui bouillonna dans les veines, & ſon cœur genereux s’anima d’un feu nouveau. Il pouſſa ſon Courſier vers le fier Ancien ; &, imitant ſes Détours, & ſes Caracolles, autant que la vigueur de ſon Cheval & ſon habileté le lui permettoient, il s’en aprocha bientôt de la longueur de trois javelots. Cowley darda ſa lance le prémier ; mais, il manqua ſon ennemi, & le javelot tomba ſans effet aux pieds des Chevaux, Alors Pindare ſaiſit un dard ſi grand, & d’une peſanteur ſi prodigieuſe, qu’à peine dix Cavaliers, tels que notre âge les produit, ſeroient capables de le lever de terre. Cependant, il le lança ſans peine ; & la poutre, dirigée d’une main ſure, auroit indubitablement accablé le Moderne, s’il n’avoit pas heureuſement opoſé au coup le Bouclier qu’il avoit reçu de ſa Mere Venus[2].

  1. Le beau Deſordre qu’on admire dans les Odes de Pindare.
  2. Cowley a brillé ſur-tout dans ſes Odes amoureuſes.