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PREFACE

lomniateur, & declaré coupable du crime qu’on nomme[1] Scandalum Magnatum.

Mais, je ne ſonge pas que je m’étends ſur un ſujet, où je ne ſuis nullement intéreſſé, puiſque je n’ai, ni talent, ni inclination, pour la Satire. A cela près, je ſuis ſi ſatisfait de tout le cours préſent des affaires humaines, que je prépare déja depuis pluſieurs années les Matériaux d’un Panegyrique du Genre Humain, auquel j’ai deſſein d’ajouter une ſeconde Partie intitulée, Defenſe modeſte du Procedé de la Populace dans tous les Ages.

J’avois quelque envie de joindre l’un & l’autre de ces Traitez à cet Ouvrage-

  1. C’eſt le Crime de medire des gens titrez, contre lequel les Loix de l’Angleterre ſont très-ſeveres ; mais, comme on n’obſerve dans ce Païs que la lettre des Loix, on a trouvé un moïen très-facile de dire pis que pendre d’un Grand Seigneur, ou de la Famille, ſans avoir rien à craindre. On le nomme même ; mais, on a ſoin de mettre des points à la place de quelques lettres : par exemple, voulez-vous dépeindre un Duc d’Ormond des couleurs les plus noires ; mettez ſeulement Or..nd, faites le rimer même ſi vous voulez avec un terme du même ſon : la Loi n’a point de priſe ſur vous, quoi qu’il ſoit certain, de la derniere certitude, que c’eſt ce Seigneur que vous avez eu en vuë.