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PREFACE

dans notre âge. J’ai obſervé, que quelques eſprits ſatiriques agiſſent avec le public de la même maniere, qu’un maître d’école traite un méchant garçon qu’il vient fraichement de foéter pour le rendre meilleur. Il commence par lui mettre devant les yeux toutes les particularitez du cas, qui eſt le motif de la correction : il s’étend enſuite ſur la neceſſité du chatiment ; & il finit chaque periode par un bon coup de verges.

Si j’entens quelque choſe dans les affaires de ce monde, nos Cenſeurs feroient fort bien de s’épargner la peine de donner tant de coups de foûet inutilement. Il n’y a pas dans toute la nature un membre plus dur, & plus couvert d’un calus impénétrable, que les parties poſterieures du public, qui ſont également inſenſibles, ſoit qu’on les attaque à coups de pied ou à coups de verges. D’ailleurs, pluſieurs de nos Satiriques me paroiſſent être dans une grande erreur, en s’imaginant, que, parce que les orties piquent, toutes les autres mauvaiſes herbes doivent avoir la même proprieté. Cette comparaiſon ne tend en aucune maniere à diminuer l’opinion, qu’on doit avoir du mérite de ce dignes Au-