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PREFACE

den : il y en a tel, qui n’eſt intilligible que dans un coin de Hide-park[1]

J’avouë que je ſuis quelquefois touché d’une douleur ſincere, en ſongeant que tant de paſſages aſſaiſonnez par la mode, auxquels je vais donner l’effort dans mon Ouvrage, ſeront hors de vogue, au premier changement de décorations. Je ſuis pourtant trop ſincere, pour ne pas approuver ce gout de notre âge : je voudrois bien ſavoir pourquoi nous nous mettrions en frais, pour fournir d’eſprit les ſiécles futurs ; puiſque les précédens n’ont pas ſongé à faire de pareilles proviſions pour nous. Du moins, c’eſt-là mon ſentiment, parce que c’eſt celui de nos Critiques les plus modernes, & par conſequent les plus orthodoxes.

L’envie cependant que j’ai, que toutes les perſonnes accomplies, qui ont acquis une part dans le gout qui doit avoir cours dans le preſent mois d’Août 1697., puiſſent pénétrer juſqu’au fond du ſublime, qui regne dans tout mon Ouvrage, m’oblige d’établir ici en leur

  1. C’eſt le Cours, où les gens de qualité ſe promenent en Caroſſe, dans les mêmes vuës qu’on le fait par tout ailleurs.